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Les handicapés donnent de la voix

par Xavier Molenat - publié le 11/03/02 - réagir à cet article sur le forum

Fatigués d'être considérés comme des citoyens de seconde zone et oubliés lors de cette campagne, les handicapés réagissent. Jean-Christophe Parisot, président du Collectif des Démocrates Handicapés, est candidat à l'élection présidentielle.

"Nous sommes cinq millions de citoyens handicapés et nous n'en pouvons plus d'attendre !". Créé il y a un peu plus d'un an, le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) se veut le porte-voix de tous ceux qui, de par leur handicap moteur ou mental, subissent la relégation sociale et les difficultés de vivre au quotidien. Avec son millier d'adhérents, le Collectif en a marre que les seules actions collectives en faveur du handicap soient des "opérations caritatives de type Téléthon" , "preuve éclatante du désintérêt des élus à l'égard de certaines catégories de citoyens", et vise à une véritable prise en charge par le politique de l'accueil des handicapés dans la société.

Bulletins de vote en braille
Déjà présent aux municipales, le CDH a d'abord mené une campagne "sur l'accessibilité des mairies et des bureaux de vote, l'impression de bulletins de vote en braille et la transmission sous-titrée des émissions électorales". Mais en constatant la vacuité des programmes présidentiels en ce qui concerne les handicapés, il a également estimé que "les personnes handicapées ne peuvent se contenter de la campagne ennuyeuse de Lionel Jospin et démagogique de Jacques Chirac alors que notre (sur)vie est en jeu". Le CDH a dès lors élaboré un programme en 101 points pour "rétablir la liberté, l'égalité et la fraternité" . Au menu : politique du logement, de l'emploi, aménagement de l'espace urbain, etc.

Parcours du combattant
Ce programme sera porté par la candidature du président du CDH, Jean-Christophe Parisot, lui-même handicapé par une myopathie depuis sa naissance. La lutte pour la reconnaissance et la prise en compte des handicapés vient donc de loin. Comme ses deux soeurs, il est condamné au fauteil roulant et observe le combat de ses parents pour que leurs enfants puissent s'intégrer avec les enfants valides. Diplômé de Sciences-Po Paris, il raconte les cours suivis "depuis le hall d’entrée, dans les courants d’air". C'est à cette époque qu'il fonde la Ligue Nationale des Etudiants Handicapés, avec le parrainage de Nicolas Hulot. Doctorant en sciences politiques, il rédigera avec d'autres étudiants handicapés un livre blanc qui sera remis à Francois Bayrou, alors ministre de l'Education Nationale. Sans suite...
Aujourd'hui fonctionnaire, administrateur territorial à Amiens, il dirige l'Obsevatoire des Politiques Locales du Handicap, et court après les 150 signatures qui lui manquent pour pouvoir se présenter. Selon lui, l'électorat handicapé pourrait representer jusqu'à 6 % des suffrages. Entretien avec un candidat qui veut rappeler que les handicapés sont "...des citoyens et non des préjudices".

INTERVIEW
Jean-Christophe Parisot
"Il y a un domaine où le handicap reste tabou : c'est la politique"

Jean-Christophe Parisot est président du CDH, candidat à l'élection présidentielle 2002.

Vous vous êtes déclaré relativement tard dans la campagne, qu'est-ce qui vous a décidé ?

Tout d'abord, c'est le bureau politique du CDH qui m'a demandé d'être candidat à la présidentielle. Ensuite, nous avons contacté des maires pour savoir quel écho avait ma candidature et s'il était envisageable d'obtenir les signatures nécessaires. Car évidemment nous n'avons pas les mêmes moyens que les autres candidats, nos militants étant eux-même handicapés. Beaucoup de choses se font donc par Internet. D'autant que l'accessibilité n'est pas assurée : 9000 mairies de petites communes sont inaccessibles aux handicapés. Et à chaque fois, il faut prévoir le nombre d'escaliers, la présence d'un ascenseur...

Et d'un point de vue politique ?

Politiquement, nous avions déjà été présents aux municipales de 2001 dans 25 villes, et nous avons 9 élus. La goutte d'eau, ça a été l'arrêt Perruche et ses suites politiques. Pour nous, cet arrêt a été une grande violence : il sous-entendait que nous étions de trop. En même temps, il n'était pas question de juger les familles qui étaient allées en justice ; c'était justement l'occasion de porter l'attention sur la détresse des familles touchées par le handicap. Nous nous attendions alors à une politique offensive, qui aurait amené des solutions concrètes. Or aucune action n'a été entreprise, les familles restent autant abandonnées, il n'y a pas eu de changement. Et ce qu'on voit, c'est qu'il y a un domaine où le handicap reste tabou : c'est la politique. Il n'y a aucun élu handicapé ; nous sommes vingt fois plus importants que les Corses et pourtant on ne parle jamais de nous.

Quelle est la situation actuelle de la "communauté handicapée" ?

Il y a d'abord les vexations au quotidien : la semaine dernière, Air France a refusé l'embarquement d'un enfant handicapé, sous prétexte qu'il n'avait pas de certificat médical. A Neuilly, une jeune handicapée vit dans 7 m2, et personne ne réagit. Dans les écoles, des parents se voient refuser l'inscription de leur enfant trisomique... Il faut également savoir qu'en quinze ans le montant de l'Allocation Adulte Handicapés, qui est en quelque sorte le baromètre de la situation des handicapés, est passée des deux-tiers du SMIC à la moitié de celui-ci. On assiste ainsi, dans l'indifférence générale, à une paupérisation des handicapés, source de drames familiaux et individuels. L'affaire des disparues de l'Yonne est révélatrice : de jeunes handicapés peuvent disparaître sans que personne ne s'en rende compte. Aujourd'hui, des actes de maltraitance, de barbarie sont commis envers les handicapés dans l'indifférence générale.

Quel est votre programme ?

Nous avons quatre points majeurs. Tout d'abord, nous voulons ouvrir les écoles et les universités aux jeunes handicapés. Ils sont 40000 aujourd'hui, qui souhaiteraient sortir des établissements spécialisés, c'est une priorité. Ensuite, nous voulons un "Plan Marshall" pour l'accessibilité des biens collectifs : bâtiments publics, transports, etc. Cet effort serait assuré par l'Etat et les collectivités locales. Troisième point : un Conseil National du Handicap, qui donnerait son avis sur les lois votées au Parlement, et enfin une enquête parlementaire sur la maltraitance. IL y aurait beaucoup à dire et à faire, il y a des situations de détresse inouïe. Je suis vraiment une candidature d'appel au secours. Et quand on voit que nous avons eu droit à 2 minutes et six secondes d'antenne, alors que Jospin et Chirac ont droit à six heures, on a du mal à croire que l'on vit dans une démocratie.

Vous avez consulté le programme des "grands candidats" : Chirac, Jospin... ?

Oui, alors à l'UEM le handicap est la 22e priorité sur 24, et c'est d'un creux total. Le PS, lui, ne veut même pas entendre parler d'handicapés et ne parlent que de "situation de handicap". Au fond, il ne propose qu'un toilettage de la loi de 1975, qui fut la première à s'intéresser au handicap. Mais cette loi a terriblement vieilli : aujourd'hui, on parle de compensation du handicap, des nouveaux métiers, des nouvelles mobilités... alors que l'on a besoin d'un véritable "relookage" législatif, les deux candidats ne proposent qu'un vague changement de regard sur le handicap. Il y a beaucoup à faire.

Avez-vous été approché par ces candidats ?

Nous avons été approchés par de petits candidats. Le CDH, lui est transpolitique, il est ouvert à toutes les sensibilités, excepté le Front national. Et il n'y a pas d'appel à voter pour tel ou tel, nous souhaitons simplement que notre programme soit repris. Ensuite, nous verrons qui est susceptible de reprendre à son compte nos propositions. On ne sait jamais, tout peut arriver...

Quel candidat a pris contact avec vous ?

Ecoutez, globalement nos sensibilités s'étendent... des Verts, jusqu'au centre-droit disons. Je ne peux pas vous en dire plus.

Et auparavant, quels ont été vos engagements politiques ?

Je ne suis membre d'aucun parti. C'est d'ailleurs une obligation statutaire de notre mouvement. Mais dans le cadre de mon travail, j'ai été amené à travailler avec des gens de gauche ou de droite. J'ai par exemple travaillé aussi bien avec Gilles de Robien (UDF) qu'avec Jacques Guyard (PS). C'est la personne qui m'intéresse, et il y a des bonnes volontés partout. Et j'ai voté selon les situations.

Vous sentez-vous proche de la tradition américaine du "vote minoritaire" ?

Nous nous définissons comme un mouvement handicapiste. Nous ne faisons pas de l'action humanitaire : notre démarche est d'attirer l'attention sur des hommes différents, et cela ouvre à des problèmes tels que la place des minorités, ou les nouveaux mouvements culturels. Il y a par exemple une culture sourde, une culture aveugle. La "nation sourde" (comme se définissent elles-même les personnes sourdes), par exemple, a développé une poésie, un humour, et a transposé cela au théâtre. Les échanges internationaux se multiplient, il y a pléthore d'artistes handicapés, le courant de l' "Art Brut" réalisé par des handicapés mentaux... On oublie trop souvent que le handicap est une richesse. On pourrait dire que l'on a trouvé la Cour des Miracles, reste à en découvrir les trésors !

Etes-vous en faveur de l'instauration de quotas pour les handicapés ?

Dans le domaine politique, certainement pas. Nous sommes la plus grande minorité de France, on se demande quel sens ça a qu'elle ne soit pas représentée, qu'on ne lui donne pas la parole.
En revanche, nous sommes pour que la fonction publique soit soumise à l'obligation d'embaucher un quota de personnes handicapées. La loi oblige déjà les entreprises privées à respecter un quota de 6 % ; ainsi l'Etat fait voter des lois qu'il ne s'applique pas à lui-même ! Il faut la même loi pour tous.

 
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Hacker béarnais

  "Il y a un gouffre entre la France qu'il décrit et la France qu'il décrit et celle qu'il a faite. C'est dans ce gouffre qu'on trouve le virus de la candidature Jospin. Je dénoncerai ce virus et je le combattrai de manière résolue" a déclaré François Bayrou, candidat béarnais le 20/02.



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