L'annuaire des séries télé visionnables en streaming sur internet
lundi 23 avril 2007
aucun commentaire

LE BAL AU CENTRE

Confortablement qualifiés grâce à la captation des votes extrêmes dans leurs camps respectifs, Royal et Sarkozy doivent désormais séduire l'électorat centriste. S'il dit se "gondoler" d'être de toutes parts courtisé, c'est pourtant aujourd'hui que les ennuis commençent pour François Bayrou.

"On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment", théorisait François Mitterrand. Le candidat béarnais en a bien conscience, et pour lui, les prochaines semaines risquent fort d'être cruciales. Certes, avec 18,5% des voix, un niveau inespéré en début de campagne, François Bayrou a triplé son score de 2002, mais quels bénéfices politiques va-t-il réellement en tirer ? "Nous ne sommes pas là pour faire un score, nous sommes là pour gagner : car sinon ils rebâtiront leur forteresse, et tout recommencera comme avant. Il faut leur arracher le pouvoir et leur offrir une bonne douche froide pour qu'ils fassent aussi leur révolution culturelle. Nous sommes là pour remplacer leur sectarisme par l'ouverture d'esprit, leur monarchie par notre démocratie", scandait encore le leader de l'UDF à Bercy voilà quelques jours. Et aujourd'hui, d'afficher un grand sourire de façade...Pourtant, l'homme se retrouve au pied du mur à l'issue de ce premier tour de scrutin. Ses deux adversaires, tout à la tâche de "rassembler", avec des "réservoirs" de voix plutôt à sec, vont devoir courtiser un électorat mouvant et hétéroclite que le candidat UDF ne maîtrise pas, quoi qu'il en laisse penser publiquement. Et quid de sa consigne de vote pour le 6 mai ? Ce n'est rien de dire que le numéro d'équilibrisme politique va être périlleux. Se taire, c'est handicaper sérieusement sa campagne pour les législatives : or la clé de son avenir d'ici à 2012 repose sur la constitution d'un groupe parlementaire à l'Assemblée (cela permet de poser des "questions au gouvernement", d'avoir des bureaux, etc.) Et les quelque trente actuels députés centristes savent bien qu'ils doivent leur élection grâce à des alliances avec l'UMP...Mais comment diable appeler à voter Nicolas Sarkozy après avoir stigmatisé la "dureté" du projet de société du candidat UMP et ironisé sur ses déclarations sur le kärcher et "ses moutons dans la baignoire" ?

"Ni gourde, ni gourdin"

Quelle que soit l'attitude de François Bayrou, il décevra une partie de ses électeurs. Ceux-ci sont en effet très partagés sur la stratégie à suivre en vue du 6 mai. Une première enquête BVA montre que 35 % d'entre eux souhaitent qu'il appelle à voter pour Ségolène Royal, 25 % pour M. Sarkozy et 35 % qu'il ne donne pas de consigne de vote, comme l'illustrait le très fin "Ni gourde, ni gourdin" scandé hier par les militants au QG de campagne. En tous cas, l'arithmétique parle d'elle-même pour l'heure : ni Ségolène Royal ni Nicolas Sarkozy ne peuvent gagner sans se rallier un maximum des sept millions d'électeurs centristes. Comment vont s'effectuer les reports de voix ? Selon un sondage de la Sofres daté du 18 avril, 35 % voteraient UMP, 47 % glisseraient dans l'urne un bulletin socialiste et 18% sont encore indécis. Mais l'éventualité d'un durcissement de la campagne, avec le référendum "Tout sauf Sarko" qui se profile, pourrait amplifier les ralliements à gauche au sein de son électorat, ou la proportion de votes blancs, comme le montrent les premiers témoignages d'électeurs sur internet. En fait, il est fort à parier que les tractations se déroulent en coulisses entre seconds couteaux, ou au niveau local pour les législatives, à l'insu du président de l'UDF lui-même. Si ce dernier a d'ores et déjà annoncé la tenue d'une conférence de presse mercredi, il restera certainement drapé dans le silence quant à l'attitude à adopter pour le scrutin du second tour, sur une ligne consensuelle "je laisse mes électeurs libres". Pour les deux principaux partis, la consigne est donc claire : ne plus s'occuper de Bayrou, mais de ses élus et de ses sympathisants, et faire campagne sur les thèmes du centre. Hollande conseille à son épouse d'envoyer "des messages" aux bayrouistes, "sur le fond, la proportionnelle, l'Europe, la décentralisation" et d'être "très écologiste". Sarkozy veut "rassembler autour d'un nouveau rêve" et "protéger" les Français "fragiles et vulnérables", "moraliser" l'économie...Pourtant, s'il a réussi à imposer ses thématiques dans cette campagne, à quel point croire François Bayrou lorsqu'il affirme que "la politique française a changé et ne sera plus jamais comme avant" alors que l'on assiste à un retour de la bipolarisation PS/UMP ? Troisième homme, (et l'on a vu par le passé comme la médaille de bronze avait porté malheur à moults candidats), sa dynamique de campagne est aujourd'hui arrêtée. Or tout l'enjeu pour le candidat UDF est maintenant de maintenir l'élan jusqu'aux législatives, alors que sa base est des plus volatiles et que le scrutin majoritaire donne techniquement une prime aux grands partis, pour ne pas donner raison à Simone Veil, qui glissait, perfide, il y a encore quelques semaines : "M. Bayrou ne représente que lui-même".